mercredi 8 avril 2009

Nouvelle de Zélande

Nous revoilà, après un petit moment sans écrire, juste le temps de dégeler nos doigts pour pouvoir taper sur le clavier... Vous l'aurez compris, on a laissé la chaleur en quittant l'Australie pour trouver en Nouvelle-Zélande un climat d'automne plus que britannique. Aux antipodes de la Grande-Bretagne, on retrouve d'ailleurs – outre le climat et la langue – les blonds et roux à la peau claire, la sauce à la menthe, le thé à 5h, les intérieurs cosy, la conduite à gauche, la passion du rugby et même parfois les paysages... Quel étonnement de se trouver à 20 000 km de l'Europe et de se croire parfois en Grande-Bretagne, parfois en Europe du Nord, parfois en Normandie, et parfois dans les Vosges ou le Jura : des collines et des champs à perte de vue, avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu...

Pourtant, derrière cette première impression, bien des choses diffèrent. A y regarder de plus près, les forêts, qui couvraient autrefois 95% de l'île, ne ressemblent pas du tout aux nôtres : peuplées d'espèces inconnues, d'arbres qui muent, de fougères géantes et envahies de mousses, elles créent une atmosphère de conte de fées. On a vu l'une des plus belles dans la région des Catlins, située à l'extrême sud de l'île du sud, tellement au sud que ce n'est qu'à 3200 km de l'Antarctique... et ça se sent, croyez-nous !! Tellement au sud aussi, que si on part vers l'est, on tombe sur le Chili, et si on part vers l'ouest, la première terre que l'on rencontre ce n'est pas l'Afrique du Sud (bien trop au nord !) mais... l'Argentine ! On y a vu aussi une forêt fossilisée de 180 millions d'années, des côtes découpées et fouettées par les vagues et le vent, si fort qu'il contraint les arbres à pousser presque à l'horizontale.




Une autre particularité de la Nouvelle-Zélande est que tous les mammifères y ont été introduits d'abord par les Maoris il y a 1000 ans, puis par les Européens il y a 150 ans (moutons, vaches, cochons, cerfs, fouines, chamois, lapins...). L'île s'est en effet séparée du super-continent Gondwana il y a 130 millions d'années, avant donc l'apparition des premiers mammifères. Les oiseaux y régnaient alors sans prédateurs. On trouvait seulement quelques mammifères marins qui avaient pu venir à la nage. Sur la péninsule d'Otago, on a observé des phoques, des lions de mer, l'albatros royal (dont l'envergure peut aller jusqu'à 3m) et aussi d'adorables petits pingouins à yeux jaunes, une espèce endémique.


Et la Nouvelle-Zélande, c'est partout, partout, une surpopulation impressionnante de moutons : le pays en compte 40 millions, 10 fois plus que d'habitants !! A quand le droit de vote aux moutons ?


Et maintenant, place à l'action. Avant notre départ en décembre, on avait réservé le Milford Track, décrit comme une des plus belles randonnées au monde et pour cette raison limitée en nombre de randonneurs. On s'équipe donc largement en habits chauds et imperméables, en duvets, en ustensiles de cuisine et en nourriture lyophilisée, fromage et saucisson pour 4 jours (aucun achat possible sur le sentier). Bref, tout ça à porter en plus de nos affaires pour les 6 mois. Bilan : 20 kg sur le dos pour Virginie, 25 kg pour Lionel. Allez hop, c'est parti. Le premier jour se passe bien sous un beau soleil, on découvre la splendeur des fjords du sud-ouest et la limpidité des cours d'eau de cette région reculée. La marche est courte, pourtant on sent que les sacs sont pesants. Premier repas, premier gîte. Le lendemain, 7 heures de marche mais sur du plat. Le temps est couvert et légèrement pluvieux, mais on nous avait dit de prévoir au moins un jour de pluie sur les 4, jusque là on était donc dans la norme.



C'est dans la nuit que ça commence à se gâter. On entend le vent hurler et la pluie tomber en rafales sur le toit du refuge, mot qui prend dans ces moments-là toute sa signification. Lorsqu'on se lève à 6h, en bas dans la salle commune, le ranger (gardien des parcs nationaux, il y en a un à chaque étape) a accroché une pancarte rouge : « nobody leaves the hut » (que personne ne quitte le refuge). Pas besoin de nous le répéter 2 fois. A 7h30, briefing : la météo devrait s'améliorer, on va donc pouvoir partir. Cette 3ème journée est la plus difficile du parcours en terme de dénivelé : 500m de montée et 1000m de descente. Arrivés crevés au point le plus haut, on ne voit strictement rien tant le paysage est bouché de nuages, même pas de récompense donc, hormis un thé bien chaud. Sur le trajet, on admire quand même le spectacle déchaîné des chutes de Sutherland, les 5èmes plus hautes du monde, tombant de 580m, derrière lesquelles Lionel est même passé ! La descente est harassante pour les genoux et les mollets, mais on arrive enfin au dernier refuge, épuisés, les muscles et le dos en compote.

Le lendemain matin, la pluie tombant de plus belle, le gardien réunit tout le monde (on était une quarantaine de randonneurs indépendants faisant le parcours) pour nous prévenir que la situation météo obligeait à ce qu'on parte tous ensemble, en un seul groupe et avec lui. Du gîte, on apercevait à travers la brume et la pluie des torrents d'eau dévalant les pentes des montagnes. Pas très tentant mais pas le choix, quand il faut y aller, il faut y aller !

Le premier pas dans un torrent, celui qui mouille vos chaussures et vos chaussettes douillettes et bien sèches et vous bonifie d'un "floc-floc" à chaque pas est un choc. Mais ça devient tout à fait banal quand vous ne faites plus que marcher avec de l'eau jusqu'au milieu des cuisses, tant le niveau de la rivière est monté... Bref, après 2h à progresser dans ces conditions dignes d'un entraînement de légionnaire, on arrive dans un petit refuge où on s'entasse, le temps que le ranger fasse le point radio. Bilan : la suite du parcours est devenue totalement impraticable, le niveau de la rivière étant monté à près de 4m au-dessus de son niveau normal ! Impossible également de revenir en arrière pour les mêmes raisons... Il n'y a donc plus qu'une seule solution : l'évacuation totale du groupe en hélicoptère !!

Et voilà, on aura jamais fini le parcours, on a vu quasiment aucun des paysages promis, pas même le célèbre Milford Sound, joyau des fjords de Nouvelle-Zélande qu'on devait voir à l'arrivée. Mais on a eu notre baptême d'hélicoptère, et gratuit avec ça ! Vu de là-haut, en imaginant un lavabo qui se remplit vous avez une idée du phénomène qui se déroulait sous nos yeux... Effectivement, il n'y avait plus moyen de passer ! En arrivant enfin à notre lodge, on constate que l'intégralité des affaires de Virginie – papiers, argent, vêtements, livres, etc. – et une partie de celles de Lionel, sont totalement trempées... Pour info, il est tombé entre 4h du matin et le début de l'après-midi 235mm de pluie, sachant qu'au plus pourri à Paris il pleut environ 60mm en 1 mois : plus jamais on se plaindra du climat chez nous... On a même eu droit à un article dans le New Zealand Herald !

Bon, voilà, une des plus belles randos du monde : on ne peut pas vous dire puisqu'on n'a rien vu, mais une des plus aventureuses : ça s'est sûr ! Maintenant, nos affaires sont séchées et on va bien. On est arrivés à Queenstown, la ville de l'adrénaline... Pour notre part, on a eu notre compte et ça sera plutôt la ville du repos !

2 commentaires:

delphes a dit…

Fichtre ! quelle aventure ! Voilà qui me conforte dans l'idée que le sport, eh bien c'est dangereux !!

Vous allez maintenant pouvoir rencontrer les fabuleux Moai de l'île de Pâques dont un des leurs doit venir à Paris pour apporter son énergie bienveillante en vue de sauver le monde. Il parait que c'est la statue elle-même qui a dit aux Rapanuis qu'elle souhaitait venir dans la ville lumière, symbole pour elle du monde matérialiste.
En attendant 2010 aux Tuileries, je vous envie ! mais spirituellement seulement.

Des bises les voyageurs!
d

On Sekiz Temmuz a dit…

20 et 25kg! J en reviens pas! On a marche avec 10 kg l annee deniere et ... oh la la!!!
Felicitations pour l helico!
La prochaine fois je vous vous recommande le Nepal pour le trek :)
Bises de Delhi!
M