lundi 20 avril 2009

Conte de Pâques

Le 12 avril dernier, on a quitté la Nouvelle-Zélande. Jusque là, le Temps suivait son cours normal. C'est lors de notre vol entre Auckland et Santiago du Chili qu'il s'est produit cette chose étrange : on a atterri dans le passé. Partis à 17h, on est arrivés le même jour à 13h... Où était donc parti le futur ? Malgré cette distorsion anormale et inquiétante, on a poursuivi notre trajet. Mais la machine à remonter le temps s'est emballée après quelques turbulences dans un grand nuage au milieu du Pacifique...

Nous avons finalement posé le pied sur l'île de Pâques le dimanche de Pâques de l'an 1722, jour de sa découverte par le Hollandais Jacob Roggeveen. L'île, alors nommée Rapa Nui, était peuplée depuis 900 ans par les descendants d'aventuriers polynésiens. Comment avaient-ils réussi à découvrir, à bord de pirogues sommaires, ce petit bout de terre de 24 km sur 12 km perdu au milieu du Pacifique - à 4100 km de Tahiti, 2000 km de Pitcairn (la terre la plus proche) et 3700 km du Chili ?

Sur notre scooter de location rapa nui du 18ème, on est partis en exploration à travers l'île. Et là, éblouis, on a découvert de gigantesques statues sculptées dans de la roche volcanique : les moais. On en a vu qui faisaient jusqu'à 10m de haut et pesaient jusqu'à 180 tonnes. Ils tournaient généralement le dos à la mer et étaient montés sur des plateformes sacrées nommées ahu. Certains étaient coiffés d'un pukao, chapeau sculpté dans une roche volcanique de couleur rouge et d'autres avaient les yeux incrustés de corail. Mystérieusement, plusieurs étaient renversés sur le sol, face contre terre, brisés en plusieurs morceaux.





Dans la carrière de Rano Raraku où ils étaient sculptés, près de 300 moais, s'ajoutant aux 300 déjà en place sur toute l'île, étaient prêts à être acheminés ou en cours de fabrication.



Fascinés par ce flanc de volcan parsemé de visages énormes, on a tenté d'établir le contact avec eux pour comprendre leur histoire. Pourquoi certains des leurs étaient-ils renversés ? Comment d'autres avaient-ils pu être transportés sur des dizaines de kilomètres et dressés sur les plateformes, sans moyens modernes ? Pourquoi ceux de Rano Raraku avaient-ils été abandonnés en aussi grand nombre ? C'est alors que l'un de ces géants à l'allure redoutable nous a parlé...


Pendant 900 ans, les tribus rapa nui en avaient fait des idoles qui représentaient leurs ancêtres défunts et protégeaient leur peuple. Ils étaient également les symboles de puissance des chefs. Leur transport nécessitait de grandes quantités de rondins de bois qui leur permettaient de glisser jusqu'à leur emplacement final. Mais les ressources de l'île étaient limitées et les chefs avaient voulu construire des moais de plus en plus grands pour affirmer leur puissance. Dans ce huis-clos polynésien, au fil du temps, ils avaient progressivement épuisé leurs forêts et n'avaient donc pas pu transporter les statues encore dans la carrière. Les guerres avaient fait rage et les moais renversés en étaient la conséquence. La civilisation rapa nui était ainsi en déclin depuis plus d'un siècle...



Ce récit a tant cloué Virginie sur place qu'elle s'est transformée en moai. Quant à Lionel, se sentant tout petit devant la grandeur de leur histoire, il s'est changé en liliputien.

Heureusement, un verre de pisco sour (cocktail chilien à base d'eau-de-vie de vin de muscat) a permis de refermer la faille spatio-temporelle. Tout est rentré dans l'ordre, pour nous comme pour nos compagnons Pierre-Etienne et Laurence rencontrés sur l'île de Pâques et eux aussi charmés par sa magie... On est repartis tous les 4 en direction de Santiago la capitale...

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