jeudi 18 juin 2009

Un voyage en 180 jours c'est aussi...

… 180 nuits dans environ 60 hôtels, auberges, maisons d'hôtes, refuges ou backpackers (et à la belle étoile !),

environ 40 kilos à porter, répartis en 4 sacs et 25 kilos envoyés par la poste en 5 colis,

10 kilos perdus à nous 2,

11 monnaies différentes pour vivre au quotidien,

29 nouveaux tampons sur nos passeports,

une dizaine de trajets en bus de nuit, le triple en bus de jour et nombre de moyens de transport locaux (tuks-tuks, motos-dop, scooter de location, vélos, 4x4, hélicoptère, avions de ligne et avion de plaisance, ferries et bateaux, long-tail boats et barques, micros, combis et autres taxis collectifs, sans oublier nos pieds bien sûr !) pour nous déplacer,

3 jours passés dans les avions en temps cumulé (quant au temps passé dans les bus on ne peut même pas le calculer !),

720 repas à nous 2 hors petits-déjs, allant de 0,50 euro pour le moins cher à 50 euros pour le plus cher,

360 douches à nous 2 dont une centaine de froides...

et autant de temples et églises visités !


Sans oublier...
... des variations de température de -12°C au Chili à presque 40°C à Singapour,

des variations d'altitude allant de 18m de profondeur sous la mer d'Andaman à 5000m au-dessus du niveau de la mer dans les Andes,

des variations d'humidité entre le désert le plus aride du monde au Chili et la randonnée la plus mouillée en Nouvelle-Zélande !

Enfin, après 11 pays visités, 5600 photos prises, de nombreuses heures à rédiger et poster le blog et un enchaînement de saisons assez spécial (2 automnes, un hiver, puis un été et encore 2 automnes et enfin un printemps !), nous voilà de retour en France... alors...

A bientôt pour de vrai !

Lionel et Virginie


mardi 9 juin 2009

Voir Machu Picchu et finir...

Le 5, on a quitté Cuzco et notre petit hôtel douillet pour partir visiter des sites plus éloignés dans la Vallée Sacrée. Après un trajet en bus local bondé puis en collectivo (taxi collectif), on est arrivés à Moray, un site planté au milieu d'un magnifique décor vallonné fait de champs de blé dorés à perte de vue et de montagnes enneigées, le tout sous un ciel toujours aussi bleu et lumineux. Le lieu est petit mais empreint de sérénité grâce à la perfection de ses courbes. Il s'agit en fait de cultures en terrasses circulaires qui étaient utilisées par les incas comme laboratoire agricole, chacune des terrasses étant exposée différemment à la lumière et à l'humidité... Ils déterminaient ainsi les conditions de culture optimales pour chaque type de plantation. Outre l'intelligence de cette réalisation, c'est aussi le côté esthétique qui frappe.




Sur un autre site appelé Salinas, on a admiré une fois encore le talent d'ingénieur des incas allié à leur sens artistique. Il s'agit là aussi de terrasses, mais destinées à l'exploitation d'un cours d'eau salée. Les incas ont creusé des milliers de bassins reliés entre eux par un réseau de rigoles, permettant ainsi à l'eau de se répandre puis, en séchant, de laisser le sel en dépôt. L'endroit est toujours exploité de la même manière aujourd'hui. Selon le stade de séchage, les différents bassins forment un kaléidoscope de couleurs, allant du blanc immaculé au beige foncé.



Un collectivo et un combi (minibus) plus tard, et on est arrivés à Ollantaytambo, la ville qui a le plus gardé sa structure inca originelle, aussi bien dans le plan de ses rues pavées et traversées par des caniveaux que dans son architecture, avec ses murs ajustés et la forme trapézoïdale de ses portes. Accrochées à flanc de montagne, les ruines de l'ancienne citadelle dominent la ville. Ce fut en 1536 le lieu d'une défaite espagnole : les incas inondèrent la vallée grâce à des canaux prévus à cet effet, embourbant ainsi la cavalerie ennemie qui fut mise en déroute.



Le lendemain, on a rejoint le village d'Aguas Calientes par le train, honteusement cher à cause du monopole de la compagnie nationale et de la manne que représente l'afflux des touristes au Machu Picchu. Et enfin, après un bus - toujours onéreux - le jour suivant à 6h15 du matin, nous y voilà...

Comment décrire un instant pareil, celui où vous reconnaissez le paysage qui se découvre face à vous pour l'avoir vu des milliers de fois en photo et où vous avez alors l'impression de rentrer dans l'une d'entre elles... La plus belle de toutes n'arrive de toute façon pas à la cheville de ce que vous voyez : la cité perdue en contrebas, tapissée d'herbe et d'une végétation luxuriante d'altitude, entourée de pics vertigineux auxquels s'accrochent quelques nuages, avec pour compléter le spectacle, loin au fond de la vallée, les méandres de la rivière qui s'écoule... Le premier rayon de soleil qui éclaire soudainement ce paysage est un moment unique dont on se souviendra longtemps. On n'aurait pas pu rêver d'un endroit plus magique pour terminer notre voyage : voir Machu Picchu et finir...




On a passé la journée entière à se balader dans les ruelles et les anciennes maisons des quartiers résidentiels et dans les temples sacrés de la cité. La visite des ruines qui sont conservées d'une manière étonnante est sans fin, tant le site recèle de dédales, de recoins et de points de vues à couper le souffle.




On a quand même eu le temps de monter au sommet du Wayna Picchu, le pic qui se détache à l'arrière de la cité. Après une rude et raide montée, on a pu y profiter d'un superbe panorama, moins connu.


Pour fêter ça, on s'est payé en rentrant à Cuzco un bon repas à la péruvienne, avec cuy rôti (cochon d'Inde) pour Lionel, servi avec la tête et les pattes, et steak d'alpaga pour Virginie. Aujourd'hui on est à Lima et avec une petite pointe de nostalgie, on réalise d'un coup que notre tour du monde en 180 jours touche à sa fin... Mais pas tout à fait quand même, puisqu'on a un petit bonus qui nous attend avant de rentrer : 4 jours à Quito en Equateur, avec la famille de la soeur aînée de Lionel qui y vit et ses parents qui sont en vacances là-bas !

A bientôt pour un dernier message en forme de conclusion...

vendredi 5 juin 2009

Les merveilleuses cités d'or

Quand on évoque le Pérou, une des premières choses qui vient à l'esprit est sûrement la civilisation inca. Si elle est loin d'être la seule des civilisations précolombiennes remarquables en Amérique du sud, ni celle qui a régné le plus longtemps, c'est en tout cas certainement la plus connue. En moins d'un siècle, ce peuple expansionniste parti de la vallée de Cuzco a créé un empire qui s'étendait de la Colombie au Chili actuels... En 1532, quand les colons espagnols arrivèrent en armure et montés sur des chevaux, l'empire se disloquait déjà par des guerres fratricides et ils n'eurent qu'à porter le coup fatal. Ils purent alors piller à loisir les merveilleuses cités d'or incas...

Cuzco, la capitale de cet empire, témoigne aujourd'hui de cette Histoire, avec ses superbes bâtiments coloniaux montés sur de solides fondations incas. Les plus belles sont celles des anciens palais. Anecdote assez drôle d'ailleurs : tous les empereurs incas successifs étaient momifiés après leur mort et continuaient après leur mort de régner sur leurs terres, d'habiter leurs palais et d'être assistés par des serviteurs... Aux grandes occasions, ils étaient tous sortis en procession dans la ville, le père, le grand-père, l'arrière-grand-père, l'arrière-arrière-grand-père, etc. !



Quant à nous, après quelques journées à profiter de la ville, de ses églises et de ses très beaux musées, on a commencé à explorer les nombreux sites de la Vallée Sacrée. Sur l'immense site de Pisac où l'on a passé plus de 3h, des citadelles fortifiées se dressent sur des pitons rocheux et d'anciennes cultures en terrasse forment des courbes harmonieuses. L'ensemble surplombe de plusieurs centaines de mètres la vallée de l'Urubamba.





A Chinchero, les terrasses sont cette fois de forme rectangulaire et certaines sont encore utilisées...


Saqsaywaman est le site d'une ancienne forteresse qui fut le théâtre d'une importante rébellion inca, matée de justesse par les espagnols. Il n'en reste qu'une petite partie et pourtant le site est saisissant avec ses énormes blocs de pierre ajustés au millimètre près, dont certains pèsent 300 tonnes et qui témoignent du génie bâtisseur des incas. Pour eux, les rochers étaient bien plus qu'un matériau de construction, ils les considéraient comme vivants et leur vouaient un véritable culte. Selon la légende, le premier inca aurait même été créé à partir de la pierre...


Au menu du prochain et dernier épisode, d'autres merveilleuses cités et entre autres le mythique Machu Picchu !

lundi 1 juin 2009

Et le condor passa

Après un passage de frontière sans problème, on a rejoint la ville d'Arequipa, première de nos étapes péruviennes. Premier contact donc aussi avec le pays, beaucoup plus touristique que ses voisins, ce qui le rend comparable à ce titre avec la Thaïlande et pas toujours en bien : rabatteurs collants, villageois traînant un lama ou un aigle au bout d'une corde et réclamant 1$ pour la photo... Bref, l'impression d'être parfois considérés comme des porte-monnaies sur pattes !

Le centre historique et colonial d'Arequipa est construit dans une pierre volcanique blanche, le sillar, provenant des 3 volcans alentour. Dans cette jolie cité, on a notamment visité pendant plus de 2 heures l'immense Monasterio de Santa Catalina, quasiment une ville dans la ville avec son ensemble labyrinthique de ruelles, de places, de cours et de petites maisons.



Mais notre séjour à Arequipa a surtout été marqué par la rencontre de Juanita, Princesse des Glaces... Vers 1450, cette jeune fille d'une douzaine d'années, née dans une noble famille inca, faisait partie des enfants élus qui étaient éduqués pour être offerts aux Dieux. Un jour, le volcan Ampato s'est réveillé et s'est mis à cracher des cendres : il fallait calmer sa fureur et seul le sacrifice d'un sang noble pouvait y parvenir... Après une marche de plus de 400 km depuis Cuzco, les incas, chaussés de cuir de lama et disposant seulement de cordes, de chicha (alcool de maïs fermenté) et de feuilles de coca pour aider à leur ascension, arrivèrent au sommet, à 6310 m d'altitude, où aurait lieu le sacrifice de la jeune fille...

En 1995, l'éruption du volcan voisin a fait fondre la glace qui recouvrait le sommet de l'Ampato depuis des siècles, permettant ainsi à une équipe d'alpinistes-archéologues de découvrir le corps, très bien conservé grâce au froid. Aujourd'hui, le Musée Santury d'Arequipa lui est consacré. C'est vraiment émouvant de voir cette toute petite forme humaine presque vivante, les jambes repliées vers le buste, avec tous ses cheveux, sa peau et ses vêtements. L'histoire et les croyances incas prennent alors soudainement corps, c'est le cas de le dire...

Dans un style plus vivant, la région abrite aussi villages et vues spectaculaires sur des cultures en terrasses datant de plusieurs centaines d'années, toujours utilisées pour la plupart. Elles se développent de chaque côté du Cañon del Colca, second plus profond du monde avec 3400 m de profondeur : 2 fois le Grand Canyon du Colorado quand même ! Lui-même abrite le mythique Condor qui peut atteindre jusqu'à 3,50 m d'envergure et peut voler jusqu'à 6000 m d'altitude !! Les incas le tenaient pour sacré car ils pensaient qu'il pouvait communiquer avec les Dieux. Il est en tout cas particulièrement majestueux quand il plane dans les courants d'air chaud au-dessus du vertigineux canyon...






Et après ça, direction Nazca. Un petit trajet de 10h, rien du tout, à travers des paysages côtiers désertiques envahis par la garua, une brume qui ne quitte pas la région à cette époque de l'année. Au bout du trajet, les fameuses lignes de Nazca, un des plus grands mystères archéologiques de la planète. Pour pouvoir les contempler entièrement, il faut les survoler dans de petits avions qui donnent bien mal au cœur... Mais le spectacle est stupéfiant une fois en altitude : des lignes et des formes d'animaux stylisés – singe, chien, condor, colibri, araignée, etc. – apparaissent. On se demande vraiment comment et pourquoi la civilisation Nazca (entre 900 avant JC et 600 après JC) a réalisé ces prodiges... Des spécialistes ont émis toutes sortes d'hypothèses depuis leur découverte, y compris la piste des extra-terrestres !




On a ensuite pris un bus de nuit pour Cuzco, plutôt anxieux après avoir lu moult histoires de vols, d'accidents et d'attaques nocturnes sur tous les trajets, mais on n'avait pas vraiment d'autre choix... Résultat au final : c'était le trajet le plus luxueux et le plus sûr de notre voyage, avec chauffage, hôtesse et repas chauds à bord, le tout dans des fauteuils extra larges et inclinables !

Nous voilà donc arrivés à Cuzco, capitale de l'empire Inca...