dimanche 1 février 2009

Phnom Penh

Le 29, le bus depuis Battambang nous dépose en début d'après-midi dans le centre de Phnom Penh. Il fait particulièrement chaud, ce qui n'empêche pas Lionel de vouloir qu'on fasse le trajet jusqu'à notre guesthouse à pied, chargés comme des mules avec nos sacs à dos et rien dans le ventre...

Note de Virginie à ce propos
: je tiens à rétablir une vérité trop souvent mise à mal sur le manque de sens de l'orientation de Lionel. A t-il développé de nouvelles capacités face à l'adversité ? A t-il découvert une qualité jusqu'ici endormie car moins nécessaire ? Toujours est-il qu'il nous mène à travers Bangkok, Yangon ou Phnom Penh comme s'il y avait passé son enfance !! C'est dit. Du coup, à mon grand désespoir, il refuse régulièrement de prendre des taxis et autres tuk-tuks, trop content d'exercer ce nouveau talent...

Cette parenthèse refermée, revenons à notre histoire. Ou pas la nôtre d'ailleurs, plutôt celle – tragique – du Cambodge, où la révolution communiste la plus radicale de l'Histoire s'est déroulée entre 1975 et 1979. Le lendemain de notre arrivée, on a visité le musée Tuol Sleng, en réalité l'ancienne prison de haute sécurité S-21, un ancien lycée qui avait été reconverti par les Khmers Rouges en centre de détention. 17 000 personnes y ont été torturées avant d'être tuées et jetées dans des fosses communes au camp d'extermination de Choeung Ek. Salles et instruments de torture, cellules, photos des disparus, témoignages... La visite est longue et éprouvante et le contraste entre la structure familière d'un lycée (grands bâtiments, salles de classe et cour aux arbres fleuris) et les atrocités qui s'y sont passées rend la réalité encore plus inimaginable. La visite des charniers de Choeung Ek aussi est particulièrement difficile à soutenir.

2 millions de Cambodgiens – hommes, femmes et enfants – ont péri sous le régime de Pol Pot, mort en 1998 sans jamais avoir été jugé, comme plusieurs autres dirigeants Khmers Rouges. Douch, le directeur du S-21, sera, lui, enfin jugé au mois de février, soit 30 ans plus tard... Renversés en janvier 1979 par les troupes vietnamiennes, ennemies des Etats-Unis, les Khmers Rouges ont ensuite bénéficié de l'appui de ceux-ci pour conserver leur siège à l'ONU, les responsables du génocide représentant ainsi leurs victimes sur la scène internationale... D'autres appuis logistiques parmi lesquels la Chine, la Thaïlande et le Royaume-Uni ont permis aux Khmers Rouges de se reformer et de continuer à combattre pendant 20 ans.

Après la visite du musée Tuol Sleng, on avait rendez-vous au CIST (Center of Information System Training), financé par des fonds français et notamment la Fondation d'Accenture. L'école sélectionne des bacheliers par des tests et des entretiens dans presque toutes les provinces du Cambodge. Elle privilégie les élèves dont les familles ont peu de ressources (visite dans les maisons à l'appui) et qui ne peuvent donc pas payer l'université à leurs enfants. Après deux ans de formation intensive, les jeunes informaticiens trouvent très facilement du travail payé 4 à 5 fois le SMIC local. La 3ème promotion est actuellement en cours et à terme les postes de direction de l'association seront transférés à des Cambodgiens. Pour plus de renseignements, voir ici.

Enchaîner ces deux visites était, de notre point de vue, un symbole de la renaissance du Cambodge.

Au final, Phnom Penh nous a séduits par sa vie animée, ses marchés, son atmosphère agréable, ses trajets en « moto-dop » (à 3 sur un scooter !), son fond de culture française, son Musée National qui contient la plus grande collection d'art khmer du monde, dont de nombreuses pièces des temples d'Angkor, son magnifique Palais Royal et sa population sympathique et souriante.


Mais la pauvreté et les mutilations dues aux mines sont encore grandes. Beaucoup de familles et d'enfants mendient pour survivre, comme dans le reste du pays.

On s'apprête maintenant à remonter vers la frontière laotienne au Nord, avec une étape dans la ville de Kratie pour essayer d'apercevoir les derniers dauphins d'eau douce de l'Irrawady (espèce menacée).

Un quart de notre tour du monde s'est écoulé !! Déjà...

1 commentaire:

Unknown a dit…

Un quart déjà...mais tellement passionnant à la lecture régulière de vos aventures. cela nous permet de nous échapper un peu...

Nos aventures sont, ici, à Paris : neige...grêve... PROCSI...

@ux prochaines aventures...
Samir.