vendredi 27 février 2009

Notre expérience Akha

Nous voilà revenus en Thaïlande, autant dire à la civilisation après nos derniers jours particulièrement dépaysants dans des villages Akhas du Nord du Laos, aux frontières de la Chine et du Myanmar. Cette ethnie, d'origine tibéto-birmane, se retrouve au nord du Myanmar, de la Thaïlande et du Laos ainsi qu'au sud de la Chine. Elle se divise en 3 sous-groupes parlant 3 langues différentes et cohabitant parfois dans le même village. Il n'y a pas de langue écrite, la langue comme les traditions se transmettent oralement depuis des générations.

Pour rejoindre ces villages, on a d'abord fait un long trajet de 8h en bus (avec un pneu qui explose en route) depuis Luang Prabang jusqu'à Luang Nam Tha, et le lendemain encore un petit trajet de 2h dans un minivan surchargé (18 personnes pour 12 places), jusqu'à la petite bourgade de Muang Sing, aux allures de bout du monde. De là, on avait réservé un trek de 3 jours par la très bonne agence Green Discovery qui propose beaucoup de séjours d'écotourisme. Personne d'autre d'inscrit ce jour-là, on était donc tous les 2 avec 2 guides, dont un Akha d'un des villages du trek. A nous l'aventure !!

Pour atteindre le premier village perdu dans les montagnes, on a marché pendant 6h au milieu de beaux paysages forestiers et mangé un délicieux déjeuner près d'une chute d'eau, préparé par un couple de villageois Akhas. Comme tous les repas suivants, tous les aliments, riz, légumes, champignons, oeufs, cacahuètes, poulet, buffle, etc., provenaient du village de nos hôtes. On ne fait pas plus bio ! A la tombée du jour, on a visité le village (qui n'a pas l'électricité) et découvert la porte des esprits à son entrée (les Akhas sont animistes), les maisons sur pilotis, en bois avec un maigre toit de chaume, les greniers à riz, les familles de poules, de buffles, de cochons et de chiens qui vivent en bonne harmonie au milieu des habitants, les fontaines en plein air servant de salles de bains communes pour tout le village, les femmes se baladant très naturellement seins nus, d'autres portant les coiffes traditionnelles et enfin des multitudes d'enfants de tous âges courant, criant et jouant partout...





Notre première soirée fut exceptionnelle. Après un repas mijoté au feu de bois pendant 2 heures et quelques verres de lao-lao local, une quarantaine d'enfants nous a improvisé une succession décousue, adorable et hilarante de danses et de chants traditionnels et d'acrobaties dans un vacarme de cour d'école. A peine remis de nos émotions, ce sont les adultes, dont plusieurs femmes en magnifiques tenues Akhas, qui sont rentrés dans la partie et ont chanté des airs traditionnels. Ensuite, à la demande de nos hôtes et ne voulant pas les vexer, nous devions leur chanter quelque chose de chez nous. Et là, ce fut le drame. Un vent de panique soufflant sur nous, ne nous demandez pas d'où ça nous est venu, mais dans le grand répertoire de la chanson française, c'est L'été indien de Joe Dassin, version duo foireux, qui est sorti. Durée de la prestation : 30 secondes et des applaudissements polis de la part de nos auditeurs. Heureusement, une seconde chance s'est présentée à nous un peu plus tard, et là ce fut un triomphe : Lionel, accompagné de Virginie pour les choeurs, a interprété magnifiquement une version a capella de Bella Ciao, souvent chanté en Corse. Silence captivé dans la salle, y compris des enfants, et quelques hommes se sont même mis à reprendre en choeur le refrain. Ouf, l'honneur de la nation était sauf ! La soirée s'est terminée pour nous par un super massage que les Akhas donnent traditionnellement à leurs hôtes.

Les jours suivants, on a traversé des paysages incroyables de plantations de canne à sucre et de pastèques, de jardins, de champs brûlés car les Akhas pratiquent beaucoup (trop) l'essartage, de collines embrumées et 7 autres villages. On a pu voir et même essayer parfois le filage et le tissage du coton, le pilage du riz pour séparer la peau du grain, la fabrication des toits de chaume, la récolte de la canne à sucre et d'autres activités quotidiennes. L'opium est également cultivé, mais en très petite quantité depuis qu'il a été interdit par le gouvernement lao en 2000.







Seule ombre au tableau pour ce séjour : la seconde soirée que l'on a passée dans un autre village, beaucoup moins sympathique et accueillant. Ici l'apport de l'électricité et de la télévision a visiblement introduit une modernité qui crée un conflit de générations. Des ados jouaient avec leurs portables pendant qu'un couple d'Akhas en costumes tentait de jouer de la musique et de chanter. Tout semblait forcé et factice et nous, on n' était vraiment pas à l'aise dans cette ambiance. Rétrospectivement, c'était pourtant intéressant de vivre ça aussi, car c'est à l'image d'un enjeu grandissant pour les Akhas : évoluer vers plus de modernité en conservant leurs traditions.

Après un passage de frontière sans problème à Huay Xai et une nuit à Chiang Rai, nous voilà aujourd'hui à Chiang Mai, deuxième ville de Thaïlande, pour 4 jours.


Bises !

1 commentaire:

Unknown a dit…

Comment ça vous n'avez pas été capables de faire une super prestation de chant du premier coup !! Pourtant, dois-je vous rappeler qu'on vous avait donné un cours de grande qualité lors d'une petite soirée le 30 août !?Vous n'avez pas été assez attentifs, très vexant !! ;-)
La lecture de votre blog nous fait baver en tout cas ! Continuez à profiter de votre périple ! La bise,
Clarisse et Aurélien